Une nouvelle étude, élaborée avec le soutien de TradeMark Africa, a mis en évidence le coût réel des barrières non tarifaires (BNT) en Afrique de l’Est, révélant comment des contrôles, des interdictions et des obstacles administratifs apparemment routiniers drainent discrètement des milliards du commerce régional chaque année. Le rapport, intitulé « Developing Models for Estimating the Impacts of NTBs in the EAC Region » (Développer des modèles pour estimer les impacts des BNT dans la région de la CAE), présente la première série de modèles fondés sur des données probantes capables de quantifier la manière dont ces barrières freinent les exportations, gonflent les coûts de transport et ralentissent la circulation des marchandises dans les corridors nord et central.
L’analyse s’appuie sur les données provenant des corridors nord et central et du programme de suppression des barrières non tarifaires dans un délai déterminé de la CAE afin de quantifier l’influence de facteurs tels que la conformité aux ponts-bascules, les délais de transit, les taux de change et certaines barrières non tarifaires spécifiques sur les flux commerciaux bilatéraux. Il a ainsi été constaté que le renforcement de la conformité aux ponts-bascules le long du corridor central réduisait les flux commerciaux, tandis que les restrictions administratives, telles que les interdictions soudaines de produits, les taxes discriminatoires ou les frais excessifs, continuaient de fausser l’accès au marché dans toute la CAE.
L’étude confirme également que, en dépit des efforts déployés par les États partenaires pour éliminer la grande majorité des obstacles non tarifaires signalés, de nouveaux obstacles continuent d’apparaître, souvent sous des formes plus complexes. Les conséquences économiques sont évidentes : la distance continue de freiner les exportations ; les chocs liés aux prix et à l’inflation dans les pays exportateurs augmentent les coûts commerciaux ; et les obstacles non tarifaires non résolus ajoutent des sources de friction qui compromettent les gains de l’intégration régionale.
Le rapport propose une voie pour sortir de ce cycle. Il recommande d’intégrer les nouveaux modèles dans les systèmes de surveillance des autorités du corridor nord et central et d’étendre la collecte de données à tous les États de la CAE, afin de fournir aux décideurs politiques un outil en temps réel, fondé sur des données probantes, pour cibler et éliminer les obstacles les plus préjudiciables. Alors que la région s’oriente vers une intégration plus poussée et la promesse de la ZLECAf, l’étude rappelle de manière urgente que l’Afrique de l’Est ne peut libérer tout son potentiel commercial sans s’attaquer aux obstacles silencieux cachés entre ses frontières, comme le prouvent désormais les chiffres.