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Comment les papillons de nuit ont failli perturber un million de moyens de subsistance

December 18, 2025

Par Andrew Edewa

Le secteur floral d’Afrique de l’Est a été confronté à une menace inattendue au début de l’année 2025. Le faux carpocapse, un minuscule insecte, a déclenché une action réglementaire radicale de la part de l’Union européenne, mettant en péril des milliards de dollars d’exportations et près d’un million d’emplois. Pour les principaux producteurs tels que le Kenya, l’Éthiopie et le Rwanda, la réponse devait être rapide et précise. Ce qui a suivi offre un compte rendu révélateur de l’adaptation, de la coordination et de la résilience institutionnelle.

À partir d’avril 2025, toutes les expéditions entrant dans l’UE devaient répondre à des normes de surveillance plus strictes et à des exigences documentaires beaucoup plus rigoureuses. Pour le Kenya et l’Éthiopie, tous deux classés parmi les premiers exportateurs mondiaux de fleurs, les implications ont été immédiates. Le marché attendait une conformité quasi parfaite, et toute faiblesse dans la surveillance ou la certification risquait de perturber le commerce. Les régulateurs et les agences techniques ont donc agi rapidement pour traduire la réglementation européenne en exigences opérationnelles claires. Ils ont cherché à clarifier ce qui constituait une approche systémique crédible, comment la surveillance devait être structurée et quels éléments de la documentation seraient soumis à un examen minutieux. Une analyse coordonnée a permis de réduire l’ambiguïté et a permis aux autorités nationales d’évaluer leur état de préparation.

L’attention s’est ensuite portée sur le renforcement des systèmes qui sous-tendent la conformité. Au Kenya, le Service d’inspection phytosanitaire du Kenya, soutenu par le Programme de renforcement de l’environnement des affaires et des exportations financé par l’Union européenne, a renforcé la surveillance et la documentation, contribuant ainsi à la réussite de l’audit de la DG SANTE en octobre 2025. En Éthiopie, l’Autorité agricole éthiopienne, en collaboration avec l’Association éthiopienne des producteurs et exportateurs horticoles et avec le soutien d’un programme de renforcement des capacités financé par l’AFD, a renforcé l’approche systémique tant au niveau des exploitations agricoles qu’au niveau des aéroports. Les procédures de surveillance ont été améliorées, les procédures opérationnelles standard d’inspection ont été réécrites afin de les aligner sur les normes internationales, et les inspecteurs ont reçu une formation ciblée avant l’audit de la DG SANTE en novembre. Le Rwanda, qui n’avait pas respecté une échéance antérieure, a commencé à reconstruire son architecture sanitaire et phytosanitaire grâce au programme VIBE de la Fondation Mastercard. L’Autorité rwandaise d’inspection et de concurrence, en collaboration avec le Conseil national de développement des exportations agricoles, a investi dans la traçabilité, l’inspection et la surveillance des principales chaînes de valeur.

Les résultats se sont fait sentir dans toute la région. Les exportations florales du Kenya devraient dépasser pour la première fois le milliard de dollars. L’Éthiopie devrait franchir la barre du demi-milliard de dollars. Le Rwanda se positionne pour se remettre en conformité et étendre son empreinte horticole. Des milliers de travailleurs dont les moyens de subsistance dépendent de ce secteur ont évité ce qui aurait pu être un choc économique grave. Cet épisode offre une leçon plus large sur le commerce moderne. La qualité seule ne suffit plus. L’accès aux marchés dépend de plus en plus de la rigueur des régimes d’inspection, de la crédibilité des systèmes de traçabilité numérique et de la souplesse des réponses réglementaires. Pour les pays qui investissent tôt dans ces systèmes, la récompense n’est pas seulement la conformité, mais aussi la résilience, l’influence et une croissance durable sur les marchés mondiaux à forte valeur ajoutée. À mesure que les pressions climatiques s’intensifient et que les économies importatrices renforcent leurs contrôles de biosécurité, celles qui disposent de systèmes sanitaires et phytosanitaires solides seront mieux à même de résister aux chocs réglementaires.

L’auteur est directeur des normes et des mesures sanitaires et phytosanitaires chez TradeMark Africa.