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Libérer le potentiel commercial de l’Afrique de l’Est grâce à la logistique verte

August 29, 2025

Les investissements récents du Kenya dans les infrastructures de transport marquent un tournant stratégique. La voie ferrée à gabarit standard (SGR), le dépôt intérieur de conteneurs (ICD) de Naivasha et l’introduction de services réfrigérés ont jeté les bases d’un système logistique plus agile et mieux adapté au climat.

Ces développements ont le potentiel de redéfinir le rôle de l’Afrique de l’Est dans le commerce agricole mondial, en particulier pour les exportations sensibles à la température. Cependant, des contraintes structurelles subsistent.

Les exportateurs de produits frais continuent de faire face à des coûts logistiques élevés, à des retards aux nœuds clés et à une visibilité limitée tout au long de la chaîne de transport.

Le port de Mombasa, principale porte maritime de l’Afrique de l’Est, a traité 1,5 million d’équivalents vingt pieds (EVP) en 2024. D’ici 2040, ce chiffre devrait dépasser les 3,2 millions.

Sans un système logistique capable de transporter en toute fiabilité les denrées périssables jusqu’au port, l’augmentation des volumes ne fera qu’amplifier les inefficacités existantes.

Le fret aérien comble depuis longtemps ce manque de fiabilité. Pour les fleurs kenyanes, le coût du transport aérien est estimé à 3,50 dollars par kilogramme, soit 31 500 dollars pour un envoi de neuf tonnes.

L’imprévisibilité des transferts routiers vers l’aéroport international Jomo Kenyatta et les frais de manutention alourdissent encore ce coût. En comparaison, le fret maritime coûte environ 8 500 dollars par conteneur pour le même envoi, ce qui représente une économie considérable. Mais jusqu’à récemment, les options maritimes manquaient d’infrastructures et de cohérence pour garantir la qualité à l’arrivée.

Cette situation commence à changer. En mars 2025, le Kenya a lancé un service ferroviaire réfrigéré reliant Naivasha à Mombasa. Le trajet dure désormais huit heures en train, contre plus de 15 heures par la route, avec un contrôle continu de la température tout au long du trajet.

Ce service est soutenu par une capacité de réfrigération accrue au dépôt intérieur de conteneurs de Syokimau à Nairobi et par des installations de vérification modernisées.

Ensemble, ces investissements ont permis de mettre en place une chaîne du froid qui répond aux normes de qualité mondiales tout en réduisant les délais de manutention et les coûts logistiques. Une récente exportation pilote d’un conteneur de fleurs fraîchement coupées, soutenue par les Pays-Bas, a confirmé que la qualité était restée intacte après plus d’un mois de transport entre le dépôt intérieur de conteneurs de Naivasha et Rotterdam dans un conteneur à température contrôlée acheminé par rail et par mer.

Les arguments en faveur d’une réforme vont au-delà des infrastructures. Les données du secteur des exportations révèlent que 28 % des fruits sont endommagés avant d’arriver à l’entrepôt de conditionnement et que 20 % supplémentaires sont perdus avant l’expédition.

Ces pertes réduisent la compétitivité des produits kenyans, mais surtout, elles érodent la confiance des producteurs dans la chaîne d’approvisionnement. Pour les communautés qui dépendent de l’horticulture, dont la plupart sont rurales, les implications sont à la fois économiques et sociales.

Sans accès fiable aux marchés, les rendements diminuent, les moyens de subsistance stagnent et les exportateurs se retirent des investissements. Le principal défi est d’ordre institutionnel. Les responsabilités tout au long de la chaîne logistique restent mal coordonnées.

Les entrepôts de conditionnement, les autorités réglementaires, les douanes et les prestataires logistiques fonctionnent avec une interopérabilité minimale. Les accords de niveau de service, lorsqu’ils existent, manquent de force exécutoire.

Les procédures varient d’un endroit à l’autre et sont souvent appliquées de manière incohérente. L’absence de normes communes nuit au débit et introduit une incertitude, en particulier pour les expéditions soumises à des délais.

Pour répondre à ces besoins, TradeMark Africa, par le biais du programme « Business Environment and Export Enhancement Programme » financé par l’Union européenne, soutient l’élaboration d’accords de niveau de service, de procédures opérationnelles standardisées et d’indicateurs de performance clés pour divers organismes chargés des processus et du dédouanement des exportations de produits horticoles.

Ces instruments devraient permettre de normaliser les procédures de manutention et de traitement, réduisant ainsi le temps et le coût des exportations horticoles.

Le Kenya doit cesser de considérer la logistique comme une préoccupation en aval. C’est le mécanisme par lequel le commerce devient tangible. Sans lui, les gains de productivité à la ferme ou à l’usine restent lettre morte. Les marchés restent théoriques et les ambitions politiques ne se concrétisent pas.

Le port sec de Naivasha démontre le potentiel d’une approche coordonnée. Avec 1 000 emplacements au sol pour conteneurs de 20 pieds et une aire de stockage de 240 000 mètres carrés, l’installation peut accueillir une croissance importante.

Son intégration avec le SGR et le chemin de fer à écartement métrique permet au fret en transit de circuler efficacement à l’intérieur des terres et à travers les frontières. Dans des scénarios à forte capacité, l’embranchement ferroviaire de Naivasha pourrait traiter plus de 237 000 conteneurs de 20 pieds par an.

Le site est également destiné à accueillir de futurs investissements dans le stockage et le regroupement à température contrôlée, offrant ainsi une solution évolutive aux exportateurs de produits frais.

Les implications régionales sont claires. Le corridor logistique intérieur du Kenya est un atout stratégique tant pour les producteurs nationaux que pour les commerçants en Ouganda, au Rwanda et en République démocratique du Congo. Dans le cadre de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), la capacité à livrer des marchandises rapidement et de manière régulière déterminera le leadership commercial. Le Kenya dispose des infrastructures nécessaires. La question est maintenant de savoir s’il peut aligner ses politiques et ses opérations en conséquence.

Il convient de retenir trois priorités. Premièrement, des accords de niveau de service multi-agences doivent être formalisés et appliqués, couvrant les responsabilités depuis la ferme jusqu’au navire. Ces accords doivent définir les délais de traitement, les protocoles d’inspection, les normes de documentation numérique et les procédures d’escalade.

Il convient de retenir trois priorités. Premièrement, des accords de niveau de service multi-agences doivent être formalisés et appliqués, couvrant les responsabilités depuis la ferme jusqu’au navire. Ces accords doivent définir les délais de traitement, les protocoles d’inspection, les normes de documentation numérique et les procédures d’escalade.

Deuxièmement, les investissements dans les plateformes numériques doivent se poursuivre afin de soutenir le suivi en temps réel des cargaisons, l’interopérabilité entre les systèmes et la transparence des données. Troisièmement, la fiabilité énergétique doit être assurée aux nœuds réfrigérés critiques, notamment grâce à des systèmes de secours résilients et à des technologies de refroidissement efficaces.