Une délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est rendue en Afrique de l’Est du 13 au 17 octobre 2025 avec une mission simple mais importante : apprendre. Ce qu’elle a découvert, d’Arusha à Namanga et de Malaba à Busia, était à la fois la preuve d’une facilitation réussie des échanges commerciaux et un exemple concret d’intégration régionale en action.
Cette visite d’étude, soutenue par TradeMark Africa (TMA), a réuni des hauts fonctionnaires de la Commission de la CEDEAO et du Secrétariat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) afin d’examiner comment l’harmonisation des normes, la coordination de la gestion des frontières et les systèmes numériques ont redéfini l’efficacité commerciale dans toute la région de la CAE.
Au Secrétariat de la CAE à Arusha, les délégués de la CEDEAO ont pu constater de leurs propres yeux comment la politique s’est traduite dans la pratique. La CAE a mis en place 15 postes-frontières uniques (OSBP), dont 14 sont pleinement opérationnels, ce qui a permis de réduire le temps de dédouanement des marchandises de 10 heures en moyenne à moins de deux heures, et le temps de passage des passagers de deux heures à seulement 20 minutes. Cette efficacité est le résultat d’années d’engagement politique, d’harmonisation des politiques et d’investissements dans des infrastructures de qualité – des enseignements que la CEDEAO peut adapter pour renforcer ses propres systèmes de facilitation des échanges commerciaux en Afrique de l’Ouest.

À Namanga, où 18 agences opèrent conjointement des deux côtés de la frontière entre le Kenya et la Tanzanie, les responsables de la CEDEAO ont pu constater comment la numérisation et la coordination peuvent coexister. Les systèmes permettent désormais le partage de données en temps réel, réduisant ainsi les délais de dédouanement de plus de 70 %. De même, les visites à Malaba et Busia ont mis en évidence comment les portes intelligentes, les systèmes de suivi des marchandises et les comités mixtes frontaliers ont fait de la gestion des frontières un modèle d’efficacité et de confiance.
Mais la délégation a également appris que la technologie n’est pas une baguette magique. « Les systèmes numériques sont un catalyseur, ils ne remplacent pas la collaboration », a fait remarquer un participant, faisant écho à une vérité qui résonne dans toutes les régions d’Afrique. Pour que l’intégration prospère, les gens doivent continuer à coopérer, à partager et à faire confiance aux systèmes qu’ils construisent ensemble.
À Nairobi, les visites au Bureau kenyan des normes (KEBS) et au Service kenyan d’inspection phytosanitaire (KEPHIS) ont renforcé le rôle des normes et des infrastructures d’essai pour garantir que les produits africains répondent aux attentes mondiales. À lui seul, le KEBS a adopté plus de 200 normes Codex et contribué à plus de 470 normes régionales dans le cadre de la CAE.
Pour la CEDEAO, ces institutions ont démontré comment des systèmes de certification crédibles et des réglementations harmonisées ouvrent des portes aux exportateurs, transformant ainsi la politique régionale en compétitivité mondiale.
Au cours de cet échange d’une semaine, six leçons se sont démarquées :
- La bonne volonté politique favorise l’intégration.
- La technologie permet d’améliorer l’efficacité, mais repose sur la coordination humaine.
- Des infrastructures de qualité renforcent la confiance et la compétitivité.
- L’apprentissage continu soutient le progrès régional.
- Les partenariats amplifient les résultats.
- Les récits comptent : l’intégration doit être ressentie, pas seulement mesurée.
Cette expérience sera intégrée au prochain Forum du corridor Abidjan-Lagos qui se tiendra en novembre 2025, où la CEDEAO s’appuiera sur les enseignements tirés en Afrique de l’Est.
La mission d’analyse comparative a réaffirmé que le processus d’intégration africaine est mieux mené par des solutions testées en Afrique et qui tiennent compte des nuances du continent dans la perspective de la vision de la ZLECAf d’un marché unique et connecté. À mesure que le partenariat entre la CEDEAO et la CAE s’approfondit, l’Afrique a l’occasion de développer sa capacité à apprendre d’elle-même et à poursuivre ses échanges commerciaux, ensemble.
