TradeMark Africa
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Faire passer les chaînes de valeur à fort potentiel de l’Afrique de l’ambition politique à l’action et à l’accès au marché

October 3, 2025

L’Afrique peut-elle devenir plus autonome dans ses échanges commerciaux ? Que faut-il faire pour que les politiques commerciales ambitieuses se traduisent par davantage de nourriture dans les assiettes et davantage de revenus dans les poches des populations ? Et comment les jeunes entrepreneurs peuvent-ils tirer davantage profit des marchés régionaux qui restent trop souvent hors de leur portée ? Ces questions ont été au centre des discussions à Dakar, au Sénégal, le 2 septembre 2025, lors du Forum africain sur les systèmes alimentaires, dans le cadre du panel « Le plan d’action de la ZLECAf pour le commerce agricole : libérer le commerce agroalimentaire inclusif », organisé par le Secrétariat de la ZLECAf (AfCFTA) et l’AGRA.

Le plan d’action pour le commerce agricole de la ZLECAf, qui identifie sept chaînes de valeur à fort potentiel, à savoir le riz, le poisson, l’huile de palme, les fruits, les légumes, la viande et le maïs, qui présentent un fort potentiel en matière de création d’emplois, de sécurité alimentaire et d’intégration régionale, a été mis à l’honneur. Ce plan définit la manière de passer de l’ambition politique à l’accès pratique au marché. Les participants à la table ronde ont fait remarquer que, à mesure que les systèmes alimentaires africains évoluent et que le commerce intra-africain augmente, le succès dépendra de la rapidité avec laquelle les pays pourront éliminer les barrières non tarifaires, sanitaires et phytosanitaires, mettre en place des chaînes de valeur régionales durables et résilientes et accélérer la transformation agro-industrielle. 

Anthe Vrijlandt, Directrice de la stratégie et des partenariats chez TradeMark Africa (TMA), a mis en avant trois leviers susceptibles de permettre des gains rapides : la numérisation des procédures SPS et douanières afin de réduire les retards et d’accroître la transparence ; la stimulation des investissements dans les entreprises dirigées par des jeunes, en particulier dans les secteurs et les produits de grande valeur, et la garantie que les femmes et les jeunes tirent le meilleur parti possible des initiatives telles que le programme TMA-ZLECAf et le programme « Women and Youth Economic Empowerment in Fisheries » (Autonomisation économique des femmes et des jeunes dans le secteur de la pêche) de la Fondation Mastercard. Elle a également décrit comment TMA travaille avec les gouvernements, les communautés économiques régionales (CER), les bailleurs de fonds et le secteur privé pour éliminer les barrières non tarifaires (BNT) et rationaliser les politiques et les processus de facilitation des échanges.

Parmi les participants figuraient également Komla Prosper Bissi, Chef du secteur agricole de l’Unité du secteur privé (PSU) de ZLECAf ; Gerald Makau Masila, PDG du Conseil céréalier d’Afrique de l’Est ; Watipaso Mkandawire, Conseiller régional pour le commerce alimentaire au Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement ; Baboucarr Manneh, Directeur général du Centre africain pour le riz et Directeur régional du CGIAR pour l’Afrique occidentale et centrale. Ils ont souligné la nécessité de créer un environnement favorable en supprimant progressivement les barrières commerciales et en relevant les défis sanitaires et phytosanitaires afin d’accélérer le développement de la chaîne de valeur régionale et de stimuler l’industrialisation de la production et de la distribution alimentaires.

Les discussions ont également souligné le rôle des investissements dans les corridors et les infrastructures pour attirer les capitaux privés. Des études de faisabilité aux modèles BOT (Build-Operate-Transfer), les outils existent, mais ils nécessitent un alignement des politiques, des cadres de partage des risques et des résultats mesurables. 


L’Afrique de l’Ouest, où s’est tenu le forum de cette année, a été citée comme une région qui offre un aperçu de ce qui est possible. Avec AfricaRice qui ancrent la science dans la recherche sur l’innovation et la production rizicoles, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui pilote l’harmonisation SPS en collaboration avec ses partenaires, et les gouvernements qui augmentent les investissements agro-industriels, la région pourrait montrer la voie au continent dans la mise en place de chaînes de valeur alimentaires fonctionnelles.

L’appel à l’action était clair : les gouvernements doivent accélérer les réformes et publier des résultats mesurables ; les partenaires de développement doivent canaliser les fonds vers des initiatives évolutives ; et les acteurs industriels doivent co-investir dans la transformation, la logistique et les engagements d’achat. Dans un contexte commercial mondial en pleine mutation, la meilleure défense de l’Afrique est de commercer davantage avec elle-même et de créer de la valeur là où elle cultive ce qu’elle consomme. Ce qui se passera ensuite déterminera si les agriculteurs, les transformateurs et les commerçants africains pourront tirer profit de ces gains chez eux.