Des chefs d’entreprise de toute l’Afrique de l’Est se sont réunis au port de Dar es Salaam pour évaluer les progrès des réformes et discuter des défis commerciaux avec les hauts fonctionnaires du gouvernement. Organisée par la Young Presidents’ Organisation (YPO) et TradeMark Africa (TMA), avec le soutien de l’Irlande, de UK International Development et de la Norvège, cette mission de haut niveau fait suite à la signature d’un programme de 15 millions d’euros sur quatre ans, financé par l’Union européenne avec le gouvernement tanzanien. Cette initiative vise à améliorer l’efficacité des ports, à faciliter les échanges commerciaux et à moderniser la mobilité urbaine dans les corridors commerciaux d’Afrique centrale et orientale.
Le port de Dar es Salaam traite 95 % du commerce international de la Tanzanie et sert de porte d’entrée essentielle pour les économies enclavées, notamment la Zambie, le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi, le Malawi et la République démocratique du Congo (Tanzania Ports Authority, 2024). Pourtant, les inefficacités — les longs délais de dédouanement des marchandises, les coûts logistiques élevés et les contraintes d’infrastructure — ont, au fil des ans, entravé l’efficacité et la compétitivité du commerce. Les coûts de transport en Afrique de l’Est restent parmi les plus élevés au monde, estimés à 60-70 % au-dessus des références internationales (Banque africaine de développement, 2024), ce qui rend le commerce régional coûteux et moins compétitif.
Conscient de ces défis, le projet soutenu par l’Union européenne, mis en œuvre par TMA, le Port d’Anvers-Bruges International et ONU-Habitat, avec l’aide à la gestion d’Enabel, introduit des systèmes douaniers numériques pour accélérer le dédouanement, moderniser les infrastructures et améliorer la coordination logistique afin d’optimiser les opérations portuaires. Le temps de rotation des navires devrait passer de 10 à 4 jours, réduisant ainsi la congestion (Tanzania Ports Authority, 2024). Une réduction de 40 % du temps de séjour dans les ports devrait accélérer le mouvement des marchandises et réduire les coûts logistiques (Banque mondiale, 2023). Bien que ces gains estimés marquent un progrès substantiel, les chefs d’entreprise ont souligné que d’autres réformes politiques et investissements dans les infrastructures sont essentiels pour soutenir la transformation du port.
Le directeur du port de Dar es Salaam, Galus Abed, qui dirigeait la délégation gouvernementale lors de la visite d’évaluation du port, a souligné l’importance stratégique des réformes en déclarant :
« La transformation du port de Dar es Salaam est en cours. Ces efforts vont au-delà de l’efficacité pour positionner stratégiquement la Tanzanie comme la porte d’entrée privilégiée pour le commerce régional et international. »
Après la visite du port, les chefs d’entreprise ont entamé un dialogue avec des hauts fonctionnaires de l’autorité fiscale tanzanienne (TRA), de l’autorité portuaire tanzanienne (TPA) et du ministère de l’industrie et du commerce afin d’aborder l’environnement commercial de la Tanzanie, les défis commerciaux et les opportunités d’investissement. Les discussions ont mis en évidence la nécessité de poursuivre l’automatisation et la simplification des procédures douanières afin de réduire les inefficacités. Bien que les opérations portuaires se soient améliorées, des défis persistent pour relier le port aux corridors régionaux par les routes et les chemins de fer.
Le secteur privé a également appelé à une plus grande prévisibilité des politiques afin d’encourager les investissements à long terme dans le secteur commercial tanzanien.
Sanjay Rughani, membre du conseil d’administration de TMA, a souligné l’importance de la stabilité politique :
« Les marchés prospèrent grâce à la prévisibilité. Un dialogue continu entre les entreprises et les décideurs politiques est essentiel pour créer un environnement commercial prévisible, efficace et compétitif. Alors que le secteur privé est prêt à investir, des politiques claires et stables sont nécessaires pour favoriser la croissance à long terme. La Tanzanie peut créer un environnement qui favorise cette ambition et cette certitude. »
Monica Hangi, directrice régionale de TMA pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale, a insisté sur la nécessité de lier les réformes portuaires à des initiatives visant à renforcer les capacités d’approvisionnement afin de tirer le meilleur parti des opportunités offertes. Elle a souligné l’importance d’un plan d’investissement clair, notamment en ce qui concerne la connectivité intermodale entre les routes et le transport ferroviaire. Pour attirer le secteur privé, elle a également mis en avant le rôle du gouvernement dans la réduction des risques liés au climat d’investissement dans le pays.
Grâce à des partenariats avec des acteurs du développement et des parties prenantes du secteur privé, TMA et ses partenaires sont à l’origine d’un changement structurel dans le secteur logistique tanzanien. La transformation du port offre une rare opportunité de réduire les coûts commerciaux, d’accélérer le mouvement des marchandises et de renforcer le rôle de la Tanzanie dans le commerce régional.
Ces gains doivent toutefois être préservés grâce à des investissements soutenus, à l’alignement des réglementations et à la collaboration entre les secteurs public et privé. Alors que la Tanzanie poursuit son programme de modernisation du commerce, une action concertée déterminera si le port de Dar es Salaam deviendra un centre logistique de classe mondiale, débloquant des opportunités économiques à travers l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale.