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Le corridor Djibouti-Éthiopie va bénéficier d’une nouvelle autorité de gestion et d’un observatoire des transports.

Une partie de la délégation djiboutienne avec le Secrétaire Exécutif du NCTTCA

La position unique de Djibouti au carrefour de l’Afrique, du Moyen-Orient et des routes commerciales mondiales en a fait une plaque tournante majeure pour le commerce régional et international. En tant que principale porte d’entrée pour le commerce éthiopien, le corridor Djibouti-Éthiopie traite environ 95 % des importations et des exportations de l’Éthiopie. Malgré son infrastructure portuaire de classe mondiale, les inefficacités en matière de facilitation du commerce, de coordination institutionnelle et de logistique des transports continuent de ralentir les échanges, entraînant des coûts élevés, des temps de transit longs et des pertes d’opportunités économiques pour les entreprises et les commerçants qui dépendent du corridor.

Pour relever ces défis, Djibouti et l’Éthiopie sont en train de créer une autorité de gestion du corridor et un observatoire des transports. L’autorité de gestion du corridor soutiendra la coordination des institutions, s’attaquera aux goulets d’étranglement commerciaux et améliorera la circulation des marchandises. Parallèlement, l’Observatoire des transports collectera et analysera des données commerciales en temps réel, ce qui permettra aux autorités de contrôler les performances, d’identifier les inefficacités et de mettre en œuvre des solutions opportunes. Ensemble, ces initiatives permettront de réduire les coûts commerciaux, de raccourcir les temps de transit et d’améliorer la compétitivité des entreprises opérant le long du corridor.

Pour mettre en place un système efficace, Djibouti s’inspire des modèles de gestion des corridors commerciaux qui ont fait leurs preuves en Afrique de l’Est. Une équipe technique a récemment visité l’Autorité de coordination du transit et du transport du corridor nord, le port de Mombasa, le pont de pesage de Mariakani sous les autoroutes nationales du Kenya, l’OSBP de Taveta au Kenya, l’Agence de facilitation du transit et du transport du corridor central et l’OSBP de Holili en Tanzanie, ainsi que l’entrepôt public sous douane du Rwanda (MAGERWA) au Rwanda. La délégation a pu constater que les cadres institutionnels de gestion des corridors favorisent des structures de gouvernance solides et la collaboration entre les agences des pays opérant sur les corridors de transit.

Photo de groupe de la délégation djiboutienne avec le personnel de MAGERWA.

Les autorités des corridors sont généralement établies pour promouvoir l’efficacité, la productivité et la coordination des corridors. Elles sont créées par des traités (corridor nord) ou par des accords multilatéraux (corridor central). Les cadres des corridors septentrional et central au Kenya et en Tanzanie ont été mis en place pour faciliter le commerce et la circulation des personnes, stimuler le développement économique et social et améliorer la coordination des parties prenantes le long des corridors. La mise en place de ces autorités a renforcé la coordination entre les institutions le long des corridors et a démontré que lorsque les autorités douanières, les opérateurs portuaires et les agences de transport travaillent ensemble, les flux commerciaux s’améliorent de manière significative. L’autorité de coordination du transit et du transport du corridor nord, par exemple, a joué un rôle clé dans la réduction des délais de livraison.

Le système rwandais, en particulier, a montré comment le suivi d’indicateurs essentiels de performance commerciale tels que le temps de transit, le temps de traitement douanier, le temps d’attente dans les ports et aux frontières, et les frais de transport routier, peut aider à identifier les goulets d’étranglement, à rationaliser les opérations et à améliorer l’efficacité. En ayant accès à des données précises, les autorités commerciales peuvent prendre des mesures opportunes pour améliorer l’utilisation des infrastructures, réduire les délais de dédouanement et diminuer le coût global des activités commerciales.

 Photo de groupe de la délégation djiboutienne avec le personnel du Secrétariat du NCTTCA.

En Afrique de l’Est, les solutions de gestion des risques et de sécurité du fret, telles que le suivi électronique du fret, ont facilité le flux continu et la sécurité du fret en utilisant un traceur unique ; de nouveaux concepts, tels que la gestion intégrée des frontières, ont amélioré la facilitation du commerce, les capacités opérationnelles des frontières grâce à la coopération intra, inter et internationale des agences, et les systèmes de guichet unique ont transformé le mouvement des marchandises en permettant aux commerçants d’utiliser des points d’entrée uniques pour soumettre des informations et des documents standardisés afin de satisfaire aux exigences réglementaires liées aux importations, aux exportations et au transit. L’expérience du Rwanda avec MAGERWA, une société de logistique et d’entreposage de premier plan, montre comment les solutions numériques optimisent la manutention des marchandises, rendant le commerce plus rapide et plus efficace. Les systèmes de guichet unique ont considérablement réduit les délais de dédouanement, garantissant un commerce transfrontalier plus fluide et moins de retards.

L’équipe technique de Djibouti a observé comment les investissements dans les ports, les routes, les chemins de fer et les ponts-bascules en Afrique de l’Est ont stimulé la connectivité régionale. Le chemin de fer Addis-Abeba-Djibouti, par exemple, a fourni une alternative fiable au transport routier. L’entretien et l’intégration des infrastructures permettront à Djibouti de renforcer son corridor commercial, ce qui profitera à la fois aux commerçants et aux investisseurs.

Le directeur national de TradeMark Africa, Achaa Abdillahi Ahmed, a commenté l’importance de l’initiative en déclarant : “Des corridors commerciaux efficaces stimulent la croissance économique et la compétitivité. Le corridor Djibouti-Éthiopie recèle un immense potentiel, mais sa réalisation nécessite une gouvernance solide, la numérisation et une prise de décision fondée sur les données. Cette visite d’échange a fourni des informations précieuses sur des modèles éprouvés qui ont renforcé l’efficacité du commerce et réduit les coûts en Afrique de l’Est. En créant une autorité de gestion du corridor et un observatoire des transports, Djibouti ne se contente pas d’améliorer ses systèmes commerciaux, mais se positionne également comme une puissance commerciale régionale, en veillant à ce que les marchandises circulent plus rapidement, que les coûts commerciaux diminuent et que les entreprises prospèrent.”

La création de l’autorité de gestion du corridor et de l’observatoire des transports marquera un tournant dans les ambitions commerciales de Djibouti. Cette initiative fait partie d’un programme plus large de 32 millions d’euros financé par l’UE par l’intermédiaire de l’Agence française de développement et mis en œuvre par TradeMark Africa, visant à promouvoir l’intégration économique régionale dans la Corne de l’Afrique par le développement du corridor de Djibouti.

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